Un rêve ? Non, les anges ne peuvent rêver...

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Tout était sombre. Rien ne semblait exister, rien ne semblait venir le déranger. Quel étrange endroit... Était-il entrain de rêver ? Impossible, il ne pouvait pas rêver et jamais il ne pourrait...

Les yeux légèrement entre ouverts, il essayait de se rapeller, il essayait de comprendre ou il pouvait bien être. Son dos en contact avec le sol lui semblait frigorifié, ses vêtements n'avaient pas réussit a combattre le froid qui lentement avait commencé a s'insinuer en lui et qui peu a peu gagnait du terrain. Ses mains aussi, ses bras également, le bout de ses jambes, il les sentait comme figés dans un bloque de glace, lourds, engourdis. Il ne pouvait etre entrain de mourir, il sentait encore, sous son torse, son coeur battre a un rythme si régulier, si passible. Un mourant ne pouvait avoir une tel quiétude. Finalement sa tête se tourna un peu et il sentit un long frisson lui remonter le long de la colone vertébrale. Quelqu'un le regardait... Le fixait. Deux yeux sombres mais pourtant si tristes étaient encrés dans les siens et ne voulaient pas s'en détacher. Il fronça un peu les sourcils, plissa un peu les yeux, essayant de rendre sa vue plus clair. Et les deux ovales qui le fixaient firent les même mouvements, en meme temps que lui. Des yeux... Ses propres yeux en fait. Un miroir, qui devient de plus en plus clair a mesure que son corps semblait vouloir se réveiller et prendre vie.

Rukiel se redressa avec peine. Il n'Avait pas mal, il était seulement engourdis. Même ses ailes refusaient de bouger avec facilité, il les sentait dans son dos, lourdes, immobiles. Elles qui étaient censé etre légères, elles avaient maintenant le poids du marbre et semblaient etre soudainement devenu un fardeau... Mais au fond, c'était bien ce qu'elles étaient. Un fardeau, une partie de son corps inutile qui refusait de le porter la ou il voulait, trop faibles pour marcher correctement...Mais était-ce réellement le temps de maudire sa situation ? Maintenant que sa vue lui semblait revenu, il lui sembla plus important de se préoccuper de son environnement. Ou était-il donc ? Une pièce comme celle la, il n'en avait jamais vu. Des murs rouges, comme si des milliers d'êtres vivants sacrifiés avaient peinturés les parois de leur fluide vitale. Et tous ces miroirs... Qui ne faisaient que le refléter. Au début il ne remarqua que eux, et l'image qu'ils reflétaient sans cesse. Celle d'un jeune homme fragile, mince, petit, d'une pâleur presque fantomatique. Un être qui semblait presque prêt a se casser a tout moment, fragile comme de la vieille porcelaine. Souvent il croisa ses yeux noirs, légèrement en amande, tourmentés par trop de tristesse et de souvenirs douloureux. Des yeux si jeunes, si beaux, qui semblaient pourtant en avoir déja trop vus. Le maquilla foncé qui les entourait montrait bien que des humains avaient influencer son apparence, les anges, au départ, n'avaient jamais eu d'attrait pour ce genre d'artifice. Il constata combien ses cheveux étaient pâles, cendreux et lisses, combien ils manquaient de vie et de couleur, un peu plus et ont auraient dit qu'ils étaient blancs comme ceux d'un vieil homme. Mais il ne voulait pas les teindre, il ne voulait pas les changer, au fond de lui, il voulait se souvenir de ce qu'il était, de ce qu'il avait été.

Et puis en s'approchant des murs, il se revit, mais ce n'était pas son reflet cette fois. C'était lui, sur des petites images figées par le temps. Des photos remontant a loin, des photos récentes. Des photos qui au départ souriaient, montraient des moments plus heureux venus d'Une époque révolue. Et puis d'autres, s'assombrissant a mesure qu'il semblait vieillir.

Il constata qu'il n'avait presque pas changé avec le temps. Son visage rond et enfantin était resté, la délicatesse de ses traits étaient les même. Androgyne, comme la plupart des anges abandonnés dans un monde trop hostile. Rukiel détourna son regard des photos, il ne voulait pas voir son passé, il ne voulait pas se rappeler. Un instant il resta la a regarder les miroirs, la pièce, a se demander ou il était. S'il avait pu rêver, il aurait pu trouver une logique a tout ca, mais il ne rêvait jamais... Il ne savait pas, mais il savait qu'il voulait s'en aller. La pièce sanglante commençait peu a peu a l'étouffer, il avait toujours été sensible a cette couleur, elle lui avait toujours donné mal au coeur. Sans doute l'avait t-il trop vu au cours de sa vie, ou était-il peut-être simplement trop faible et fragile d'esprit. Il secoua la tête, chassant de sombres pensées voulant resurgir, et il bougea un peu ses ailes qui semblaient vouloir se dégourdir avec le temps. Elles étaient belles, elles n'avaient presque pas perdu de leur éclat avec le temps.Elles étaient toujours aussi blanches, les plumes toujours aussi longues et souples, bien que leur extrémités soient légèrement usées et déchirées, comme si elles avaient été rudement malmenées.

Automatique il leva la tête, cherchant une sortie par les airs, réflexe d'ange surement. Une habitude qu'Il ne perdait pas. Puis constatant qu'il n'y avait rien, aucune porte, il se mit a tâtonner les murs de ses doigts pâles et fins, frôlant miroirs et photos avec une douceur que seul un ange pouvait avoir. Il cherchait en vain une poignée, une ouverture dissimulée, une trappe, n'importe quoi qui pouvait le faire sortir de cette pièce si étrange et perturbante.

Un rêve ? Non, les anges ne peuvent rêver... Oeil2wd9

Paisible reflet, j'observais cet ange éteint au centre de mon royaume. Tranquille et caché, je le regardais découvrir mon empire qui, pour un temps, lui était consacré. Il semblait dérangé par ce qu'on lui avait volé: son apparence. Il était peut-être offusqué, mais cela se voyait peu: comme tout le reste chez lui, c'était une donnée presque effacée, si pâle qu'on pouvait à peine l'entrevoir. Et puis enfin, il me dévisagea, moi qui l'attendait sagement dans le miroir. Je gardais un temps son visage, ses mimiques, ses expressions. Avec un petit sourire, le reflet que j'étais se fit rebelle, décidant de garder la tête droite. Les yeux noirs que je lui avais empruntés commencèrent à changer, devenant mes prunelles brunes. Son visage monochrome sembla soudain percé par deux soleils boueux. Sans attendre qu'il me regarde, je plaquais mes mains contre la surface insensible de la glace. Aussitôt, mon côté du miroir commença à être envahi par l'eau. La montée était régulière: les chevilles, les genoux puis bientôt les hanches. Sur le liquide, une clé d'un rouge blasphématoire flottait bien qu'elle sembla taillée dans un métal pesant. Mon torse fut noyé, puis mon menton. Je fermais les yeux avant de les rouvrir sous l'eau. Puis enfin, le miroir entier fut saturé d'eau. La clé se mit à couler, et plus elle s'enfonçait plus elle semblait se désagréger. Quand il ne resta rien de l'objet rouge, le miroir éclata, dispersant seulement quelques gouttes d'eau. Là où je me tenais l'instant d'avant, le passage noire menant à la pièce suivante attendait la venue de mon jumeau.

Un rêve ? Non, les anges ne peuvent rêver... Clrouge2ch7

Un rêve ? Non, les anges ne peuvent rêver... Clrouge2ch7

[Bienvenue à toi! Juste un petit mot pour te dire que si tu as besoin, pour quoi que ce soit, tu peux venir me sonner. J'ai ajouté ton adresse msn également, donc si tu veux m'accepter...

Ensuite, quand tu auras le temps, il faudrait que tu remplisses ton Esquisse dans ton profil, ça prend deux minutes tu verras. C'est pas urgent, le tout c'est que ça soit fait avant que tu sois officiellement validé.

Pour finir, la personne sur ton avatar est une personnalité ou c'est une image que tu as trouvé comme ça? Car si c'est une personnalité, tu peux la réserver pour que personne d'autre ne l'utilise. Suffit que tu me donnes son nom Wink

Voila! ]

Invité

Comme un claustrophobe, l'ange avait de plus en plus envie de sortir. L'Air lui semblait devenir lourde, étouffante, comme tous les êtres du ciel, c'était dans les endroits espacés, ou l'air circulait aisément qu'il se sentait le plus à l'aise. Ici, pas de fenêtres pour regarder le ciel, pas d'ouvertures pour laisser entrer de la fraicheur. Juste, des miroirs, et encore des miroirs, qui de plus en plus, le faisaient sursauter a mesure qu'il sentait le stresse l'envahir et le ronger de l'intérieur. Il se sentait si nerveux, qu'il avait meme l'impression d'halluciner des choses. Un moment, en croisant son propre reflet dans une des nombreuses glaces de la pièce, il crus voir l'expression de son double changer et devenir presque souriante, voir même moqueuse. Il tourna la tête vivement, fermant les yeux. Se calmer, il devait se calmer. Ou était donc la sérénité, la quiétude que les anges lui avaient apprit a garder en tout temps ? Envolé depuis longtemps, comme tout ceux qu'il avait un jour aimé ou admiré.

Il posa ses mains sur son visage encore plus pâle qu'avant, essayant de se relaxer, de penser à autre chose... Mais bientot un bruit assourdissant de craquement le fit relevé la tête en trompe. Avec surprise, il regarda une quantité impressionnante d'eau se déverser dans la salle et venir botté contre ses pieds. Son regard affolé trouva bientot la source de cette fuite. Un des miroirs semblait s'être brisé. Son reflet dedans avait disparu, a la place, une ouverture sombre et béante ornait le mur, semblable a un gouffre. L'ange la dévisagea un moment, ne sachant trop que faire. Lui qui avait si peur du noir, devait-il réellement s'y enfoncer ? Il n'en avait pas envie, mais une voix au fond de lui lui disait clairement que sa porte de sortie était la et qu'il n'avait d'autres choix que d'y aller. La gorge sèche, tremblant un peu, il se décida enfin à avancer. Qu'allait-il trouver de l'autre coté ? Et si c'était pire ? Et si c'était dangereux ? Il était trop tard pour lui d'avoir des doutes, il c'était déja aventuré dans l'ouverture qui venait à l'instant de se refermer derrière lui sans qu'il n'ai pu la voir.

L'ange resta seul, debout, complètement figé par ce qu'il voyait... Ou ne voyait pas plutot. Rien. Absolument rien. La pièce d'une obscurité totale ne laissait rien voir, même son nez, pourtant proche de son visage, il ne pouvait le percevoir. Son coeur se mit a battre tranquillement plus vite, s'affolant de plus en plus. Comme il haïssait le noir. Finalement, il aurait du rester dans l'autre pièce, au moins, dans celle d'avant, il pouvait encore voir ce qui l'entourait. Automatiquement il posa ses mains sur la parois, cherchant quelque chose, des bougies, un interrupteur, une lampe de poche, n'importe quoi qui pourrait faire naitre une flamme ou une source de lumière. Mais il eu beau chercher, tâtonner partout, en hauteur, proche du sol, ses doigts ne touchèrent rien qu'il puisse prendre ou utiliser. Ne sachant plus quoi faire, il s'accota contre un des murs et se laissa glisser lentement au sol, de plus en plus découragé par tout ça. Automatiquement il se recroquevilla sur lui même, passant ses bras autour de ses jambes repliés vers son torse, appuyant son front sur ses genoux. Il avait envie de pleurer, l'inconnu lui avait toujours fait si peur, il était loin d'être aventureux et courageux comme l'étaient ceux de son espèce.

Et puis alors que seul son souffle saccadé venait troubler le silence de la pièce, il eu l'impression d'entendre quelque chose. Tout d'abord, ce ne fut qu'un murmure, lointain, impossible à comprendre, soufflé d'une voix faible. Et plus le temps passait, plus les mots devenaient clairs, à un tel point qu'il pu comprendre la phrase qui semblait lui être directement adressé.

-Un ange... Ça...

Un rire à la fois si pur, mais si cruel résonna dans ses oreilles et au plus profond de son être.

-On dirait un animal égaré à la recherche d'un maitre...Toujours aussi peureux, toujours aussi effrayé. Tu ne sais plus quoi faire maintenant que tu est seul et vulnérable n'est-ce pas ? Pauvre, pauvre petit ange, habitué à être sous la protection des autres. Croyait tu réellement vivre toujours ainsi ? Toute bonne chose à une fin, tu est seul maintenant, seul, tout seul... Comment va tu survivre ? Comment ? Alors que tu ne sais ni te battre, ni te débrouiller par toi même. Tu ne sais même pas être courageux d'après ce que je vois...

L'ange se releva, les mains sur le mur pour ne pas perdre son seul repère. La voix venait d'en haut, de sa gauche et de sa droite. Elle semblait venir de partout, comme si la pièce elle même lui parlait. Tout ça était trop étrange, lui qui n'aspirait qu'a la tranquillité, lui qui voulait simplement un endroit sécuritaire ou finir le reste de sa vie, il se retrouvait dans un endroit inquiétant qu'il ne pouvait comprendre malgré toutes les connaissances qu'on lui avait mit dans le crâne. Ses yeux se remplirent progressivement de larmes, comme il avait peur, comme il aurait aimé que quelqu'un l'aide et le protège. Le même rire ce fit entendre, cette fois beaucoup plus moqueur.

-Tu pleure ? Encore ? C'est bien la seule chose que tu sais faire.. Tu est si faible, si effrayé par la vie elle même. Pourquoi tu ne te suicide pas ? Ne serais-ce pas plus simple ? Vivre te semble si pénible.... Ah... Mais oui... Bien sur... Les anges sont si bons la dedans. L'espoir fait vivre comme ont dit, dans ton cas, c'est bien ta seule raison de continuer.

Son coeur se serra. Comment cette chose pouvait-elle en savoir autant sur lui alors qu'il ne discutait jamais à personne de ses malheurs, de ses craintes, de ses désirs les plus profonds ? L'Ange était un secret en lui-même. Tout comme un coffre verrouillé a double tour, ses secrets restaient toujours au plus profond de son coeur et jamais il ne les dévoilait.

-Tu espère devenir heureux un jour ? Tu espère retrouver les tiens et leur sécurité ?... Pfff, quand apprendra tu qu'il faut que tu sois ton propre protecteur ? Ou plutot, quand te décidera tu à agir ? Tu reste la, comme un imbécile, à fuir le danger, à fuir les endroits inquiétants, à fuir les autres aux lieux de tout affronter. Tu devra bien, un jour ou l'autre, combattre tes craintes. Et ta peur maladive des démons, comme c'est ridicule. Tu est un ange, ce sont tes ennemis naturels, tu est censé avoir apprit à les combattre et tu tremble devant eux ! Que ferait-tu, si tu te retrouvais en face d'un démon ?

L'ange sentit son sang se figé dans ses veines.

-NON !!! Je ne rencontrerais jamais de démons !!! Je sais les éviter maintenant ! Je sais tout éviter ! Le danger je le sens !

Un soupire se fit entendre, complètement découragé, puis la voix se fit de nouveau entendre.

-Tu n'est rien de plus qu'un ange brisé par la vie et tu ne fait rien pour essayer de réparer ce qui t'a été enlevé. Comme tu était insouciant avant. Te souviens tu Rukiel ? Tu souriais, tu étais curieux, tu allais là ou les autres ne voulaient pas aller. Le plus courageux, celui qui profitait le plus de la vie, le plus heureux, voila ce que tu étais... Et ils t'ont brisés, ils t'ont apprit la peur, la douleur, la méfiance, ils t'ont apprit que le bonheur pouvait être détruit et piétiné, et même si tu as survécus a leur haine, tu as oublié les bons sentiments et gardé en toi ce qu'il y avait de plus mauvais... Si jamais tu rencontre des anges, ils ne voudront pas de toi.

Son coeur s'arrêta. C'était impossible que les anges le rejètent.

-Ils me comprendront ! Je leur expliquerais, je leur dirais tout et ils accepteront de me prendre avec eux ! Les anges ne sont que gentillesse et douceur ! C'est la seule race qui mérite d'être aimé ! La seule race qui devrait exister ! Les autres.... les autres... Humains, démons, et les espèces que j'ai eu la chance d'éviter, ce sont tous des monstres sans exception !

Un long silence suivit. La voix ne parla pas, l'ange ne parla pas. Comme au tout début, seul son souffle saccadé par les émotions qui l'avaient envahit perçait la tranquillité de la pièce toujours et encore plongé dans une noirceur total. Et puis un murmure se fit entendre, d'abord distinct, puis de plus en plus lointain comme si la voix s'estompait et avait décidé de laisser son âme tourmenté en paix.

-Ton reflet dans le miroir ne t'a donc rien appris... Y a tu réellement vu un ange... Tu est devenu, ce que tu détestais le plus...

Ses jambes se dérobèrent sous son poids, trop molles maintenant pour le soutenir. Son corps parcouru de spasmes tremblait comme une feuille malmené par de terribles vents. L'ange avait même l'impression qu'il allait avoir la nausée, les paroles de la voix semblaient encore résonner dans sa tête, réveillant en lui des doutes, des questions, qu'il aurait franchement préféré ne pas avoir. Était-ce réellement possible ? Était-il réellement devenu un monstre lui aussi ? Avait-il perdu toutes ses qualités angéliques ? La réponse qu'il trouva a ses angoisses lui fit réellement peur.

Un rêve ? Non, les anges ne peuvent rêver... Lvres2db7

L'entrée dans notre antre ne se fait jamais sans dommage. Nos visiteurs ne devraient pas entrer avec tant de désinvolture et comme des harpies jalouses de leur territoire, nous le leur faisons comprendre. Nous sommes des oiseaux cruels qui s'acharnent sur leur victime et nous sommes toutes les douleurs du monde. Toutes les peines que cet ange a créées. Comme les autres, je me jette sur lui, le bec en avant, ma voix plus accusatrice que la plus outragée des victimes. J'ai la même voix qu'une femme trompée, la même intonation qu'un ami à qu'on a volé, les mêmes inflexions que celles d'un enfant à qui on a promis la lune sans la lui donner. Et puis je hurle, de temps en temps. C'est l'expression pure de mon accusation. Toi qui te tiens au milieu de notre cercle, pourquoi as-tu abandonné? Nous aimons entendre tes réponses, nous aimons fouiller ton âme. Pas pour trouver des pardons. Simplement pour comprendre. Au fur et à mesure, nos cris se perdent, se font moins sûrs, hésitants, plus faibles. Une à une, on se tait, le noir se perce de ce silence alourdi par nos présences devenues lettres mortes. Les charognes sont rassasiées. Un peu confuse de notre comportement toujours si emporté, le repentir apportant une sorte de honte, je dépose un pieu baiser sur les lèvres de notre victime pardonnée. De mes lèvres tombe un objet qui émet à la rencontre du sol un tintement léger. Sur le sol, un carré de lumière se dessine. Nous sommes condamnées à toujours voir nos visiteurs disparaitre par cette bouche blanche.

Un rêve ? Non, les anges ne peuvent rêver... Clnoireyv6

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De longues minutes, la petite forme terrifiée et blessée qu'était l'ange resta replié sur elle même, comme si, dans cette position fœtal, il était protégé de tout. Les larmes, qui depuis longtemps brouillaient sa vue et la rendaient flou, avaient finalement été trop nombreuses pour être toutes contenus dans les simples petites amandes que formaient ses yeux. Elles avaient débordés, et s'écoulaient maintenant le long de ses joues pâles dans un rythme lent et régulier, se suivant l'une l'autre jusqu'a finalement atteindre sa mâchoire et tomber sur son chandail. L'ange ne voulait plus bouger, il ne voulait plus entendre. Maintenant que les voix s'étaient enfin évaporés, le silence qui régnait, bien que lourd, lui semblait presque être un baume à son coeur déchiré. Rien ne se passa, rien ne déranga de nouveau son être déjà largement tourmenté, pendant un moment du moins. Alors qu'il se pensait enfin avoir la paix qu'il désirait tant, quelque chose frola ses lèvres tremblantes sans que pourtant personne ne soit la pour le toucher. Il leva une main aux doigts hésitants vers sa bouche, en se disant que du réconfort dans cet étrange cauchemar ne pouvait être que faux et illusoire. C'est alors qu'il touchait finalement sa lèvre inférieure qu'un son métallique se fit entendre, comme si un objet, léger, était tombé sur le sol, devant lui.

L'obscurité se fit moins dense, à mesure qu'un espace lumineux se formait, comme par magie sur le sol. La surprise cessa momentanément ses larmes de couler et il observa, à travers l'eau saline qui encore brouillait sa vu, cette espace lumineux qui semblait l'appeler. Devait-il y aller ? Et si s'était un piège ? Et si c'était pire ? Rongé par le doute, il resserra encore plus ses jambes contre lui. Sincèrement, même si la lumière l'attirait comme un bonbon pouvait attirer un enfant, la peur de l'inconnu le clouait sur place. Le temps s'écoula lentement, les minutes passèrent, peut-être même les heures, sans que l'ange n'ai bougé d'un poils. Souvent son regard tombait sur la trappe si blanche, mais il en détournait toujours la tête, ne voulant savoir ce qui l'attendait de l'autre coté. C'était la seule sortie, il en était convaincus, mais il ne voulait pas se risquer a y aller, pas tout de suite du moins. L'ange se surpris même a somnolé sur place, bien recroquevillé dans son coin, mais bientot, il du se résigner. Comme un animal prit au piège, il n'avait tout simplement pas le choix de passer cette ouverture. Prenant une grande respiration, il passa distraitement les mains sur ses joues, y effaçant les dernières traces humides des larmes passés, puis s'avança lentement vers l'ouverture, à quatre pattes. Il voulait essayer de voir quelque chose avant de s'y enfoncer, mais la lumière trop forte l'aveuglait. Le petit blond ferma les yeux, et c'est a l'aveuglette qu'il s'engouffra dans le petit carré lumineux, craignant ce qu'il y trouverait.

Debout, les yeux clos, il pouvait cependant percevoir la lumière vive de la pièce qui perçait légèrement la peau délicate de ses paupières. De la clarté, comme les anges pouvaient aimer ça. Lentement il ouvrit un oeil, puis l'autre. La blancheur était si totale, il se sentit presque rassuré dans cet espace constitué presque uniquement de lumière, comme si rien ne pouvait l'atteindre. Son coeur s'apaisa un peu, L'eau sur le sol semblait emporté avec elle toutes ses craintes et ses angoisses au loin. Un léger sourire étira même ses lèvres, un moment, il fut heureux. Et puis, après le bonheur, vient la nostalgie. Comme cette lumière était blanche, blanche comme des ailes d'ange. Il ferma les yeux, sentant les larmes vouloir revenir en force et puis.... Une odeur familière vint réveiller ses sens. Semblable a celle d'une rose fraichement cueillit, un parfum de bonheur et de douceur revenu du passé le hanté... Son odeur si apaisante. Celui de son premier amour. Ses yeux sombres s'ouvrirent, cherchant la provenance de cette senteur si longtemps cherchée et jamais retrouvée. Était-il mort ? Était-il au Paradis ? L'avait-il enfin rejoint, celui qu'il avait tant voulut revoir ? L'Ange tourna sur lui même, cherchant a percer la blancheur des lieux, cherchant un visage. Et enfin, il reconnus, a travers la brume qui se dissipait, l'homme qu'il avait tant espéré... Mais il n'était pas seul, à ses cotés, plongés dans ses lectures, un jeune ange essayait de le dévisager subtilement. Un ange qui avait son propre visage...

**

L'enfant releva les yeux de son bouquin, essayant de faire cela la plus subtilement possible, au dessus de la reliure, mais l'homme a ses cotés le vit et lui lança un petit regard sévère, mais amusé. Un regard qui ne pouvait inspiré réellement la crainte, même s'il essayait parfois. Difficile, pour un ange aussi beau, d'avoir réellement L'air terrifiant. Rukiel lui fit un petit sourire avant de baissé le livre qu'il tenait, puisqu'il avait été découvert, autant essayer d'en profiter un petit peu avant qu'on le force a retourner a ses lectures. C'était ca, vivre avec des anges, ils avaient des règles très strictes a suivre, et pour eux, avoir des connaissances, c'était très important.

-Abriel, pourquoi dois-je lire ce livre en entier ? Ce n'est pas si important en apprendre sur les nains, vais-je réellement en rencontrer un jour ?

L'ange plus agé lui fit un sourire avant de lui répondre calmement que chaque race, aussi petite soit-elle, ou aussi dangereuse soit-elle, méritait d'être connus et que un jour peut-être ses connaissances apprises lui seraient utiles d'une manière ou d'une autre. Rukiel fit une petite moue boudeuse avant de replonger dans sa lecture. Il voulait tellement lui plaire, tellement lui donner raison d'être fier de lui, ben qu'au fond, il aurait largement préféré un baiser et des paroles d'amour. Oui, il était jeune, il était un nouvel ange, il n'avait que 10 ans, mais déja il connaissait l'amour. Ce sentiment si fort qui l'empêchait parfois de dormir la nuit, qui le faisait espérer en silence. Mais son ainé semblait le voir uniquement comme un petit frère, un cadet a protéger et a aider. Peut-être...Oui peut-être que s'il lui avouait ses sentiments, tout serait différent... Si seulement il arrivait a percer son esprit, il serait fixé, mais ses pouvoirs trop faibles encore ne lui permettait pas encore d'entrer dans l'âme des anges plus vieux que lui.

**

L'ange sentit son coeur battre a tout rompre a travers sa poitrine. Il avait oublié, avec le temps, combien il avait un jour aimé, combien son coeur c'était emballé à la vue de cet ange a la chevelure d'or, au visage parfait et a la gentillesse si immense... Il avait également oublié la douleur de le perdre, mais celle-ci se fit bientot bien présente dans son esprit.

**

Une main le secoua vivement et le jeune garçon se réveilla en sursaut. Son corps avait vieillit, ses ailes blanches semblaient vouloir pousser encore et encore. Il était maintenant plus vieux bien qu'encore jeune. Rukiel lança un regard surpris envers l'ange. Pourquoi y avait-il tant d'inquiétude dans son regard limpide ? Forcé à sortir de son lit, il regard son ainé avec curiosité, se demandant de toute évidence ce qui pouvait bien se passer.

-Rukiel vite ! Viens il faut t'en aller ! Tous les jeune anges sont évacués et toi y comprit. Tu dois partir ! Et maintenant !

-Mais...Mais... Pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe Abriel ?!

Sa voix paniqué fut bientot couvert par des cris, des hurlements de rage. Ils ressemblaient plus a des cris d'animaux féroces qu'a autre chose. Un frisson glacé remonta le long de son dos, avait-il seulement déja entendu un son aussi effroyable dans l'oasis qu'était leur petit village habité seulement par des anges bienveillants ? Jamais.

-Des démons Rukiel ! Tu dois partir ! Va vers les montagnes, le plus loin possible. Cour, cour et ne t'arrête jamais ! Maintenant va !

L'ange le poussa dans la bonne direction et se détourna de lui, épée à la main. Rukiel aurait voulut rester a ses cotés, il aurait voulut mourir avec lui même, mais il se contenta de baisser ses yeux remplit de larmes et d'obéir, comme il l'avait toujours fait. Ses pas le menèrent rapidement loin du petit village reculé ou il avait vécus toute son enfance. Au loin devant lui, les silhouettes familières des autres anges de son age, ou plus jeunes, semblaient être aspirées et happées par l'obscurité dense de la nuit. Bientot, même leur aile blanche immaculée ne furent plus visibles. Le jeune garçon essaya de les rejoindre, ne voulant pas se retrouver seul, voulant fuir avec l'un d'entre eux, mais ses jambes ne semblaient pas le porter. Au fond de lui, il ne voulait pas fuir, il voulait resté auprès de celui qu'il avait aimé, auprès de la première personne qui avait su lui prendre son coeur. Alors progressivement, il arrêta de courir, avant de finalement s'immobiliser. Ce n'était pas sage, mais le besoin d'y retourner était si fort qu'il oublia toute peur.

**

Une de ses mains alla se poser sur sa poitrine et serra le tissu fin de son chandail d'une blancheur immaculé. Son coeur semblait se broyer et se vider de son sang, incapable de supporter la douleur qui le rongeait. Sa gorge nouée ne pouvait dire aucun mot et ses yeux humides reflétaient la même souffrance vécus des années et des années plus tot. Il aurait souhaité la mort plutot que de la revivre une fois de plus. La suite, Rukiel la connaissait, et bien qu'il se refusait à la voir, sachant combien elle serait atroce, elle s'imposa d'elle même sans qu'il puisse y faire quelque chose.

**

L'Ange n'était cependant pas idiot, au contraire. S'en aller a découvert, en plein coeur du village, à la recherche de survivants à aider, à la recherche de son amoureux, ce n'était pas une excellente idée. Alors il resta dans les environs, se cachant du mieux qu'il pouvait. Avec ses ailes, si blanches, si longues, la chose n'était pas facile, et à la base, il n'avait jamais réellement apprit à se camoufler. Par mégarde, il laissa même derrière lui quelques plumes d'une blancheur presque lumineuse, suite à de nombreux accrochages avec des branches d'arbres trop basses. Si seulement le jeune homme avait été plus attentif aux marques qu'il laissait derrière lui, si seulement l'idée de retrouver son mentor n'avait pas été si omniprésente dans son âme inquiet, peut-être aurait-il pu changer le cour de son destin. Mais son imprudence l'avait déjà scellé. Son regard fixé sur le village en flammes ne remarqua rien, tout ce qu'il pu sentir, ce fut cette haine terrible qui lui figea l'esprit et lui glaça le sang. Une haine qui venait de quelqu'un d'autre, quelqu'un de très près de lui... En quelques secondes a peine, il se retrouva étalé sur le sol, ses cheveux d'une pâleur impressionnante se teintaient déjà du sang de la blessure qu'il avait reçus brutalement à la tête.

Quand l'ange ouvrit les yeux, avec beaucoup de peine, il sentit tout d'abord une vive douleur au niveau de son crâne, et lorsqu'il voulut relever le bras pour toucher sa tête, il constata avec stupeur que ses mains étaient étroitement liées avec des fines cordelettes rugueuses. Elles étaient si serrés qu'elles avaient meurtrit sa chair et laissé des rougeurs ci et là. Son coeur se mit à battre plus vite, il venait de comprendre qu'on l'avait fait prisonnier et ce n'était pas difficile, vu les circonstances, de comprendre de qui il était maintenant le captif. Pour l'instant tout était calme, anormalement calme, et cette fausse tranquillité lui fit plus peur qu'autre chose. Par dessus tout, il redoutait le moment ou il les verrait. Qu'es-ce que les démons pouvaient bien lui faire ? Des tonnes de choses. Ses lectures lui avaient apprise que c'était des être cruels, vicieux et que la clémence ne faisait pas partit de leur vocabulaire. Allaient-ils le manger ? Le dévorer vivant sans se soucier de ses cris de douleur et d'agonie ? Le torturer peut-être ? Ou bien pire ? Son attente ne fut pas longue, comme s'ils avaient pu sentir son réveil et son coeur affolé, ils étaient venus a sa rencontre.

Ils étaient... Exactement comme dans ses livres. Leur vêtements de cuirs souillés de sang, frais ou séché, recouvraient leur peau foncée et rugueuse qui ne ressemblait pas du tout a la chair rosé et pâle des anges qu'il connaissait. Aucun n'avait réellement l'air humain. Des cornes, des dents pointues comme celles d'un loup, des oreilles pointues comme des elfes ou des orcs, et leur mains ornés de griffes terrifiantes. Leurs apparences si bestiales étaient d'avantage proche de celles des animaux féroces. Un moment, il les observa, d'abord avec une certaine curiosité déplacé, puis ensuite, avec une crainte grandissante. Une crainte qui se fit encore plus grande lorsqu'il remarqua, dans l'oeil du plus grand et du plus fort, une petite pointe de convoitise briller dans sa prunelle rouge sang. Pas besoin de lire dans leur esprit, pas besoin de demander, il avait déjà compris.

Une peur sans équivalent se mit a le ronger, dévora son âme comme une bete dévore un enfant, si forte qu'elle se déploya de son enveloppe charnelle pour aller engloutir de plein fouet ses assaillants. Comme un serpent vicieux, elle s'insinua lentement dans l'esprit des démons au point de leur faire ressentir la peur de l'ange avec la même intensité . L'Un deux recula, dégouté par ce sentiment qu'il ne connaissait pas, puis un moment il posa son regard sur la forme blanche et apeuré au sol. Il retroussa les lèvres, montrant ses canines atrocement tranchantes. Il avait deviné, d'où provenait se sentiment désagréable et le moyen pour faire arrêter tout ça était évident à son esprit... Quelque chose s'abattit sur l'ange, avec une brutalité incroyable. Sa vue se brouilla, quelques secondes, revint juste a temps pour voir un autre coup arrivé, puis se fut le noir total.

Parfois, il se réveillait, sortait de sa torpeur, mais un nouveau coup le faisait aussitôt sombrer. Combien de temps cela dura ? Combien de temps profitèrent t-ils de son corps sans vie qui ne pouvait résister ? L'ange ne le savait pas, et il ne le su jamais réellement. Après un temps qu'il lui parut très très long, il commença à émerger et cette fois, plus personne pour le frapper, plus personne pour lui faire oublier ce qui se passait. Ce qu'il remarqua d'abord, c'était qu'il faisait nuit et que la température fraiche de l'air venait s'écraser sur sa peau avec une telle facilité que s'en était troublant. Ses vetements... Il tourna difficilement la tête et il les vit, déchirés et en lambeau, non loin de lui, sales et piétinés. Faiblement, l'être blessé tendit une main, voulant les attraper, mais ils étaient trop loin. Sa main retomba lourdement sur le sol et il ferma les yeux, ce simple geste avait semblé si douloureux, comme si tout son corps avait été cassé. Il crispa ses doigts sur le sol, furieux de sa faiblesse, mais ce qu'il toucha le fit presque oublié sa souffrance. Pourquoi était-ce si doux ? Des plumes d'ange ? Ses yeux s'ouvrirent de nouveau et ce qu'il vit le laissa sans voix. Des plumes, arrachés, déchirés, couvertes de sang s'étalaient un peu partout autour de lui. Ses ailes... Dans quel état les avaient-ils laissé ? Le jeune homme essaya de bouger, de se redresser, et ce geste lui arracha une longue plainte de douleur. Malgré tout, il continua, jusqu'a temps qu'il soit assit sur le sol de terre. Une envie de savoir le poussait à continuer, une envie intense de se laver aussi. Sans même regarder de quoi il avait l'air il se leva avec peine, prenant appuie sur le sol pour s'aider. Comme un automate, véritable robot déconnecté de ce monde, il se mit à marcher avec difficulté, s'en allant vers un point d'eau connus. Il entendait le son de l'eau couler lentement, et c'est ce qui le guida jusqu'a une petite rivière ou jadis il avait joué avec les anges de son age.

Ses mains se glissèrent dans l'eau fraiche et il s'en passa sur le visage, comme pour se réveillé, mais il semblait incapable de sortir de la brume dans laquelle il était plongé depuis maintenant plusieurs jours. Automatiquement, il lava d'abord ses bras dont la peau pâle n'était presque plus visible tellement elle était maculée de sang séchés, puis son torse et son ventre meurtris par les coups. Par endroits, de grosses formes circulaires d'un bleu foncé avaient apparu sur sa chair et l'avaient marqué. Les restes des coups qu'il avait reçus. L'ange descendit ensuite plus bas, frottant avec énergie ses cuisses, ses jambes, ses hanches et tout ce qu'il y avait a ce niveau. Une grimace brisa l'immobilité de ses traits. De profondes entailles avaient marqués son corps a de nombreux endroits, comme si des animaux l'avaient griffés et au fond, c'était bien ce qui était arrivé ou presque. L'ange termina de ses laver, ignorant la douleur, ne voulant pas réellement comprendre tout de suite ce qu'était le liquide qui avait souillé l'intérieur ses cuisses, ni pourquoi il avait plus de sang la qu'ailleurs. C'est rendu à ses ailes qu'il figea. Comme si on lui avait jeté au visage un saut d'eau glacée, l'être de lumière manqua de souffle. Ses ailes... Il ne les reconnaissait plus. Sales, rouge de sang, elles avaient perdu leur formes. L'une d'entre elle pendait lourdement vers le sol, brisée, cassée à plusieurs endroit. Rukiel eu soudainement mal au coeur en constatant qu'on pouvait voir certains os à travers les plumes malmenés, des fractures ouvertes. Brusquement il détourna la tête, main sur la bouche, la nausée allait bientôt le gagner...

**

Depuis longtemps le jeune homme s'était blottit dans un coin de la salle, mains sur les oreilles, les yeux fermés. Sur son visage, la douleur de se souvenir était atrocement visible alors qu'il tentait en vain de ne rien voir et de ne rien entendre. Mais meme s'il essayait, les images s'imposaient dans son esprit comme si une force supérieur les lui mettaient de force dans la tête. Pareil à celle d'un enfant terrorisé, sa voix tremblante s'éleva.

-Pitié... Non... Je ne veux plus voir... J'avais oublié... Je voulais oublié... Je ne veux pas savoir ce qu'ils m'ont fait, je vous en pris... Laissez moi... Laissez moi partir... Pourquoi moi... Pourquoi dois-je subir ça... Pitié... Ayez pitié...

Il ne ressemblait ni a un ange, ni a un homme. Une petite créature fragile, blessée et agonisante de douleur, c'était ce qu'il semblait maintenant être. Mais même s'il supplia, même s'il cria sa peine, la pièce sembla n'avoir aucune pitié pour cet être anéantit.

**

Les jours avaient passés, son corps semblait vouloir guérir et même son âme semblait vouloir se remettre de ses blessures. Il vivait maintenant chez un homme, qui l'avait trouvé alors qu'il errait dans la foret comme une âme en peine, et plus les jours passaient, plus il se disait qu'au fond, il avait peut-être eu plus de chances qu'il le pensait. Son viol, il ne l'avait pas vu, pas sentit, contrairement à certaines victimes de ce genre d'abus, il ne conservait aucun réel souvenir de ce tragique évènement. Tout ce qu'il gardait de ces jours passés avec eux, c'était cette impression de souillure , un peur profonde et les blessures qui striaient son corps. Oh, il ne se souciait pas de celles sur sa chair. Elle guérissaient rapidement, bientot, il n'y aurait même plus de cicatrices. Non, ce qui l'inquiétait, c'était ses ailes. L'homme avait soigné son corps du mieux qu'il pouvait, replacé, non sans douleur, les os de ses ailes désarticulés, il l'avait hébergé et nourrit. Mais ce n'était pas un médecin, et étant humain, il ne pouvait presque rien faire pour ce qui faisait de lui un ange. Déjà qu'elles étaient faibles d'avance, maintenant, il ne pouvait presque plus les utiliser. Elles bougeaient encore, ses ailes dont la beauté était revenu comme avant avec les semaines, mais voler, impossible, les fractures les avaient fragilisé au plus au point.

Longtemps il était resté, dans la chambre que l'humain lui avait donné, perdu dans les limbes de son esprit. L'Ange resta déconnecté plusieurs mois, peut-être même, plusieurs années, ne mangeant que par moment, ne buvant que par moment. Personne ne le dérangeait, il ne côtoyait que l'humain qui l'avait si généreusement hébergé, mais il fallait croire que le malheur s'acharnait sur lui. Un soir, il vint le voir, rien ne se lisait sur son visage, et prit place a coté de lui sur son petit lit. D'une voix qu'il se voulait douce, il se mit a lui parler. Dans son regard, il y avait une convoitise que l'ange avait déjà vu, dans des yeux beaucoup moins humains cependant.

-Tu sais, je t'aime bien... Mais que me donne tu en échange ? Je te nourris, je te loge... Je mérite quelque chose non ?

Une petite grimace de dégout étira les lèvres du jeune homme dont la beauté semblait laissé peu de gens indifférents. Non, pas encore, plus jamais. Brusquement il se leva du lit et se mit a ramasser, ci et là, les choses lui appartenant dans la pièce, sous le regard légèrement surpris de l'humain.

-Mais qu'est-ce que tu fais ?

Comme réveillé de son long sommeil, l'ange se tourna vers lui. Dans ses yeux normalement si absents et si vides, une colère sans limite pouvait y etre perçus. Rukiel avait décidé de partir, il avait décidé que plus jamais, quelqu'un le toucherait contre sa volonté. Ce qu'il voulait, maintenant, il le savait, et son but lui avait donné la poussée qu'il lui fallait pour le sortir de sa torpeur. Sa voix fut d'abord rouillée un peu au début, puisqu'il n'avait pas parlé depuis des mois et des mois, mais elle devint vite claire et déterminée.

-Je m'en vais, retrouver ceux de ma race ! Il n'y a qu'avec eux que je serais heureux !

**

Ce fut la dernière image qui s'imposa dans l'esprit de l'ange avant que tout redevienne comme avant, calme et blanc. Le répis, enfin ?

Un rêve ? Non, les anges ne peuvent rêver... Coeurfs0

C'était toujours un déchirement d'infliger cela aux voyageurs. Je voyais cet ange s'écrouler sous le poids du passé et pourtant je continuais imperturbablement à propulser sur l'onde les fragments de son cœur, de ses entrailles. En cela était ma seule finalité, je n'existais que dans ce but, je ne me réalisais que lorsque j'égrenais le chapelet de l'histoire, le reste du temps je n'étais qu'une idée abstraite et avortée. Mais en vérité, j'aurai eu le choix, j'aurai pu tout arrêter, mais il n'aurait jamais pu quitter l'endroit et il serait resté prisonnier de cette salle. Il fallait donc toujours que je choisisse entre le meurtre et l'assassinat, en espérant faire ce qu'il y avait de mieux pour tous ces passants. J'observais avec eux leurs histoires, leurs souvenirs, discrètement penché au dessus de leurs têtes, j'espérais qu'aussi insaisissable qu'il soit, mon souffle puisse leur apporter une once de réconfort. J'avais vu tellement de passés que finalement ces moments de vies n'arrivaient plus à m'atteindre. Il n'y avait que la tristesse et la joie présentes, enfermées dans cette pièce, qui m'émouvaient encore.
La petite clé lumineuse, apparu dans un souffle, fila comme un carreau d'arbalète, s'extirpant des flots comme une improbable figure de proue. Elle barra l'air d'un soupir et se ficha dans la poitrine du malheureux. Déchirant la chair, je pu m'extirper enfin de cette cage, libéré par toutes ces épreuves. Un homme ne devrait jamais voir son cœur à nu. C'est pour cela qu'aucun ne se souvient de cette partie du Rêve.
Lourd cœur de métal, je flotte un instant puis je m'abats sur le sol, disparaissant dans l'ouverture que je dessine. L'eau s'enfuit dans le trou noir, il aspire tout, l'être celeste est entrainé, comme tiré par les chevilles, les poignets. Maintenant qu'il a réussit, il peut tout oublier.

Un rêve ? Non, les anges ne peuvent rêver... Clblancheyq8

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[Tadam! Voilà, ton entrée est terminée! J'espère que tu as apprécié. Et tu peux désormais commencer le vrai rp. Officiellement et avec ma vraie voix, je te souhaite la bienvenue. J'espère que tu te plairas parmi nous, bonne et longue vie à toi]

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