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Kaleya sentait doucement la douleur grandir à mesure que l’adrénaline du combat se dissipait. Elle s’ébroua pour sortir d’une désagréable torpeur et tourna un regard reconnaissant vers Balsa.

« Merci...» murmura-t-elle

Elle avisa les blessures de son amie et eut une étrange grimace souriante.

« Décidément, ‘faut croire qu’on est destinées à toujours dénicher les situations les plus merdiques. Franchement... des lycans ! »

Elle rit et ferma les yeux pour contrôler le tournis qui s’emparait d’elle.

Kaleya acquiesça mais la chape de fatigue s’alourdit encore sur ses épaules. La mer. Elle était loin, la mer. La distance lui paraissait soudain insurmontable.

Dans un profond soupir, elle se redressa, grimaçante. La blessure à son épaule était négligeable en comparaison avec celle qui barrait son flanc.

« Je sais pas si c’est une bonne idée... on n’aura peut-être pas la force de revenir ici. Y aurait pas une rivière dans le coin ? »

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Balsa n’avait pas tort et Kaleya acquiesça une nouvelle fois. Mais elle eut un sourire moqueur à sa dernière proposition : elle avait sa fierté...

« Je vais me débrouiller, merci. Je te suis. »

La marche reprenait... Kaleya avait déjà parcouru de longue distance dans des conditions plus dramatiques, et elle n’était pas seule. La présence de Balsa avait quelque chose de réconfortant et malgré l’épuisement et la douleur, elles progressaient à un bon rythme.

Assommée par cette longe et épuisante journée, Kaleya s’abandonnait à leur marche silencieuse jusqu’à réussir à ne plus penser. Leur parcours lui apparut ainsi moins pénible que prévu et le bruit sourd des vagues contre la grève leur parvint doucement. Quelques minutes plus tard, elles étaient au bord de l’eau. La neko sourit devant la similitude de la situation avec celles du passé. Elle demeura longtemps immobile, soudainement peu pressée de se jeter dans l’eau froide.

Kaleya eut une grimace peu convaincue et inspira profondément. Puis à gestes lents, elle commença à se dévêtir, sans ressentir de gêne, trop occupée à frissonner pour ça. Elle adressa un demi-sourire qui se voulait encourageant à Balsa avant de faire un premier pas dans l’eau. Les dents serrés, elle courut jusqu’à être immergée jusqu’au ventre.

« Outch... c’est froid... »

Froid mais brûlant à la fois : le sel s’accrochait à sa plaie.

L’étrangeté de la situation ne l’avait pas frappé jusque là, mais d’un point de vue extérieur, Kaleya se sentait une furieuse envie de rire. Mais aucune gêne. Comme si elle avait été en présence d’une soeur...

Elle reporta son attention sur ses plaies et, mâchoires crispées, entreprit de rincer ses blessures. Une vague brûlante se diffusa dans ses veines et elle lâcha un juron retentissant pour transformer la douleur en une étrange et irrationnelle colère.

Kaleya tourna un regard intrigué vers la chimère, attendant qu’elle poursuive, avant d’apercevoir les étranges ombres qui se profilaient au loin. Quelques heures plus tôt, elle les aurait trouvées inquiétantes, mais elle étais las de la méfiance et décida de les considérer avec simple curiosité. Il y avait quelque chose d’anormal, dans leur démarche, dans leur forme... La neko s’enfonça dans l’eau, les yeux seuls dépassant des vagues et s’approcha du bord pour les observer.

Un étrange peur s’empara d’elle qu’elle chassa d’un mouvement d’épaule exécédé. comme on chasserait un insecte tenace. D’une voix calme, elle dit simplement :

« Bon. On va devoir bouger d’ici alors. Mais à cette distance et avec la nuit qu’il fait, même s’ils nous ont vues, ils ne nous ont certainement pas reconnues. On ne risque rien. »

D’un air décidé, elle regagna le bord et se posa alors une question existentielle : comment allait-elle se sécher ?

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« Oh mais ils vont forcément revenir à plusieurs. C’est pour ça qu’il faut se barrer de là. Mais faut pas retourner en ville maintenant non plus, tu as raison.»

Elle regardait toujours autour d’elle d’un air un peu ennuyée. Le vent mordait cruellement sa peau trempée et réveillait déjà ses blessures d’où le sang avait recommencé à couler.

« Je suppose que tu n‘as rien pour se sécher et panser tout ça... ? »

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Kaleya considéra la chimère d’un oeil amusé.

« À l’air libre hein...? Je vais me balader joyeusement dans la prairie... toute nue. Bien sûr. »

Elle rit et enfila rapidement son pantalon. Puis, alors qu’elle bataillait pour nouer le tissu détrempée de son haut, une idée vint doucement à son esprit :

« Dis-moi... l’eau, ça ne laisserait pas passer l’électricité ? Tu as réussi à le contrôler aussi longtemps ? »

Elle lui jeta un regard intrigué.

La soudaineté de sa dernière déclaration laissait clairement entendre qu’elle ne souhaitait pas en parler davantage. Kaleya acquiesça donc d’un air songeur et lui emboîta le pas, silencieuse. Mais elle était intriguée. Sans même réellement réfléchir, elle lâcha :

« Comment est-ce que tu as trouvé ça ? L’un des trucs du Lac Olia ? »

La seconde d’après, elle se rendait compte que Balsa avait voulu couper court à la conversation et qu’elle n’aurait pas du la poursuivre. Trop tard...

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Kaleya sourit et n’insista pas. Elle y reviendrait peut-être une prochaine fois.

« Oui, je suis plus fatiguée qu’autre chose de toute façon. La faim attendra.»

Elle se rendit compte que sa voix tremblait légèrement sous le coup du froid et imita Balsa dans l’espoir de se réchauffer. La ville s’éloignait de plus en plus d’elles et après de longues minutes, Kaleya finit par demander :

« Là, ça devrait aller, non ? »