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« Il veut s’y rendre parce que ce qui s’y passe le répugne. Et parce qu’il est sûrement de ceux qui veulent changer les choses... »

La question de la confiance, elle n’y avait jamais réfléchi et pourtant, pour avoir vécu avec lui, elle la lui accordait. Etrange...

« Je pense qu’on peut lui faire confiance, oui. Pour son autorité... j’admet que je ne la supporte pas toujours, mais il faut quelqu’un pour diriger une telle opération. »

Kaleya rit doucement. Oh que oui, elle y avait pensé bien souvent. Il lui était même arrivé dans des moments de désespoirs d’être heureuse qu’ils aient rendus leurs créations si résistantes.

« Oui, j’y ai déjà pensé. Mais c’est difficile d’être reconnaissant si tes créateurs décident de te supprimer, après coup. S’ils ne voyaient pas en nous que de simples... objets, comme tant d’autres, il n’y aurait pas de raison à leur en vouloir, finalement...»

Kaleya acquiesça lentement.

« Oui. Mais c’est peut-être à ça que nous pouvons servir. C’est eux qui peuvent réellement changer les choses, notre présence pourrait être le catalyseur qui les ferait réagir, réaliser qu’il y a un problème... Mais ça serait bien d’y survivre. »

Elle retrouvait peu à peu dans ses souvenirs le chemin du forgeron.

« Au sujet du forgeron... ça fait des années que j’y suis pas retournée, je sais pas s’il existe toujours. »

« Alors personne ne risque de recevoir de pièce, aujourd’hui ! s’exclama Kaleya en riant. Les gens d’ici regardent facilement de travers.»

Peu à peu, elles approchaient de leur objectif. Un premier atelier apparut au détour d’une rue, puis un second, quelques pas plus tard. Si sa dernière venue était ancienne, Kaleya parvint finalement à retrouver l’échoppe qu’elle cherchait, même si rien ne disait qu’il s’agissait toujours du même propriétaire.

« Allons voir...»

La première chose que remarqua Kaleya fut que ce n’était pas le même homme. Il semblait plus jeune que celui qu’elle avait rencontré des années auparavant... son fils ?

L’atelier, lui, n’avait pas tellement changé. Le forgeron était actuellement occupé à frapper sur un rythme régulier sur l’ébauche d’une lame d’acier. Ce n’était pas la meilleure façon d’accueillir les clients mais cela mettait en confiance, d’une certaine manière.

Kaleya s’effaça pour laisser la place à Balsa.

L’homme la regarda longuement, mais sans essayer de voir le visage dissimulé par la capuche. Cela ne semblait pas lui importer.

« Je suppose que vous la voudriez le plus vite possible... ? »

Il y avait une certaine lassitude dans sa voix... il était habitué.

« Il me faudra un acompte. Je pense que je pourrai avoir fini dans... deux semaines. J’ai d’autres clients mais je ferai de mon mieux. »

Kaleya demeura en retrait.

Balsa connaissaient les habitudes et les humeurs des hommes. Elle marchanda l’acompte versé et en échange lui accorda trois semaines, précisant qu’elle ne paierait le reste du prix que sous réserve d’un travail de qualité.

- Nous nous reverrons dans trois semaines donc.

Elle fit signe à Kaleya, dont elle respectait le silence, s’inclina légèrement devant l’homme et sortit. Le soleil semblait taper moins fort que tout à l’heure. La foule, elle, était toujours aussi dense.

La lance avait été commandée en un rien de temps. Il n’y avait plus qu’à espérer que ça soit de la qualité. Kaleya observait la foule, une expression lasse sur le visage. Etait-ce l’alcool qui faisait toujours effet ? Elle l’ignorait, mais elle se sentait épuisée. Elle s’étira, bailla, avant de se tourner vers Balsa.

« Bon... ça c’est fait... et maintenant ? »

Et maintenant, elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’il se passait...

« Comme je veux ? » répéta-t-elle d’un air dubitatif.

Elle demeura songeuse un instant. Sur le moment, elle ne trouvait dans son esprit qu’un grand vide et c’était particulièrement désagréable.

Elle ne perçut pas toute suite l’idée qui rampait doucement jusqu’à sa conscience. Mais lorsqu’elle la saisit, un sourire vint remplir son regard.

« ça te dirait de nous battre ? lança-t-elle sans subtilité avec un léger rire. Juste histoire de s’amuser... ?»

« Oui, quelque chose comme ça...»

Kaleya souriait. Elle avait plusieurs fois combattu aux côtés de la chimère, mais jamais elle ne l’avait affronté réellement. Et en plus de l’amusement qu’elle ressentait à cette idée, cela pourrait peut-être développer ses propres techniques de combat.

« Hmm vers la mer, on pourra peut-être profiter des falaises pour se dissimuler. Une prairie, c’est trop à découvert...»

Mais quelle drôle d’idée pouvait-elle avoir... songeait-elle en riant.

Kaleya suivait Balsa, un sourire joyeux aux lèvres. Elle était contente que celle-ci soit motivée par son idée quelque peu étrange. Elles avaient de la route à parcourir, mais pour sa part, la neko avait tout son temps.

La question de Balsa la fit cependant réfléchir.

« Si l’on ne parvient pas à retenir nos coups, c’est dangereux de se battre avec nos armes... des bâtons, peut-être ? Mais le poids sera pas le même.»

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Ah oui, le courant... Kaleya l’avait presque oublié. Et elle l’oublia très vite une nouvelle fois, la solution étant toute trouvée.

« L’écurie...»

Elle dut réfléchir quelques secondes avant de retrouver un peu de son sens de l’orientation.

« ça marche ! Et si on pouvait trouver des bâtons en chemin, ça serait pas mal. »

Un sourire malicieux aux lèvres, elle s’élança donc sur la route sans se soucier de Balsa : elle n’aurait aucun mal à la suivre.

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Kaleya avait toujours apprécié ce jeu qui consistait en avancer le plus rapidement possible au milieu de la foule sans percuter personne. Et elle en maîtrisait parfaitement la technique.
Mais elle ne se laissait pas entièrement aller à la course : elle cherchait une arme. Mais en ville, ce n’était pas facile de trouver quelque chose de convenable, et elle se résigna à attendre d’en sortir pour trouver un arbre fournisseur de branches solides...